nuage zéro

La puissance des mères

Fatima Ouassak

Depuis des années, les femmes des quartiers populaires sont lucides sur la répression et la domination qu'exerce le pouvoir sur leurs corps et sur celui de leurs familles et leurs enfants. Elles n'ont pas attendu les grandes organisations syndicales ou politiques nationales — souvent loin de ces réalités — pour s'organiser, pour tenter ensemble de faire entendre leurs voix et de peser dans le débat local. Ce livre raconte l'histoire du Front de mères, un collectif de parents né du combat pour une alternative végétarienne à la cantine de Bagnolet, et plus largement, pour lutter contre les discriminations dans les quartiers populaires.

Ouassak montre notamment la difficulté à être perçue dès le départ comme légitime pour donner son avis sur l'alimentation de son enfant :

« Tous les parents ne se valent pas. On ne vous traitera pas de la même manière selon que vous êtes une mère des quartiers populaires et perçue comme musulmane, ou un père habitant les quartiers pavillonnaires et appartenant aux classes moyennes et supérieures blanches. Il y a ceux qui sont légitimes pour réfléchir aux enjeux liés à l'alimentation et celles qui sont très douées pour faire à manger aux premiers. Les mères des quartiers sont sollicitées pour faire les gâteaux de la kermesse de fin d'année, pas pour philosopher à propos de l'impact des élevages sur le réchauffement climatique. »

Fatima Ouassak, La puissance des mères, éd. La Découverte, 2020, p.65

Elle raconte également des combats oubliés de l'Histoire et des grands médias, comme celui des « Folles de la place Vendôme » : en 1982, les familles de deux jeunes garçons, Wahid Hachichi et Abdenbi Guemiah, victimes d'odieux crimes racistes, décident de se réunir et de faire front ensemble pour exiger justice au nom de leurs enfants. C'est peut-être le premier exemple de lutte collective contre un engrenage infernal qui perdure jusqu'à nos jours et continue de massacrer de trop nombreuses vies... #JusticePourNahel