Je me marre comme une baleine en lisant ce roman, emprunté au hasard sur la bibliothèque numérique de la Ville de Paris.
Lu Xiaolu fait le récit de son quotidien d'ouvrier à l'usine de saccharine de Daicheng dans les années 90. Les conditions de travail sont épouvantables mais racontées avec un détachement et un humour irrésistibles.
Il décrit les ouvriers et ouvrières couverts de produits chimiques de la tête aux pieds, passant leur temps à essayer d'en faire le moins possible, se foutant de la gueule des cadres, se planquant dans les coins pour roupiller ou faire sécher leurs sous-vêtements.
Lui accumule les conneries et les bagarres, mais au fond c'est un tendre et un poète, qui tombe amoureux de Bai Lan, la femme médecin de l'usine.
C'est un roman sur la nostalgie, sur la jeunesse désillusionée, sur la fraternité entre gens de peu aussi.
C'est à la fois très marrant, très bourrin et très doux = chef d'œuvre !
Hâte de lire la suite, car c'est une trilogie, mais seul ce premier tome a été traduit chez Actes Sud pour le moment.
Il paraît que Lu Nei est très reconnu en Chine, ce qui m'étonne un peu car son œuvre est loin de chanter les louanges du système chinois. Comme quoi, une certaine liberté de ton littéraire est possible ?
Jeune Babylone de Lu Nei