Le champignon de la fin du monde : sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme - Anna Lowenhaupt Tsing
J'aime les livres d'Anna Tsing, sa façon de décrire le monde avec attention et humilité, en partant de toutes petits choses. La lire me donne envie de la rencontrer et de m'en faire une amie, pour pouvoir aller me promener en forêt avec elle.
« Que faire quand votre monde commence à s'effondrer ? Moi, je pars me promener et, si j'ai vraiment de la chance, je trouve des champignons. Les champignons m'émeuvent profondément, pas seulement comme les fleurs à cause de leurs couleurs éclatantes et de leurs parfums, mais parce qu'ils surgissent de manière inattendu, me rappelant la chance qu'il y a à se trouver au bon moment, au bon endroit. Et je sais alors qu'il y a encore des plaisirs au sein des terreurs de l'indétermination. »
Anna L. Tsing. Le champignon de la fin du monde. Trad. de Philippe Pignarre. La Découverte, 2017, p.31
Apprendre des pratiques de survie invisibles, et grâce à elle, apprendre à regarder autour de nous plutôt qu'en avant :
« Des manières de faire-monde émergent des activités pratiques déployées pour se tenir en vie et ne cessent d'altérer la planète. Pour les apercevoir, dans l'ombre de l"« anthropo- », nous devons changer de point de vue. Alors qu'ils étaient courants à l'époque pré-industrielle, de nombreux moyens d'existence, de la cueillette au vol, persistent encore aujourd'hui. Et de nouveaux, encore, font leur apparition (y compris la cueillette commerciale des champignongs). Mais ces manières de vivre et de faire, parce qu'elles sont considérées comme n'appartenant pas à la marche du progrès, sont négligées. Ces moyens d'existence, pourtant, fabriquent aussi le monde et, surtout, nous montrent comment regarder autour de nous plutôt qu'en avant. »
Anna L. Tsing. Le champignon de la fin du monde. Trad. de Philippe Pignarre. La Découverte, 2017, p.58
