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Insectopédie - Hugh Raffles

Un livre qui transporte dans l'univers infiniment étrange des insectes (qui m'a toujours fascinée ; enfant, je voulais devenir entomologiste).

Hugh Raffles se promène d'histoire en histoire, d'insecte en insecte, pour nous raconter le monde depuis l'infiniment petit.

Il y a la fascinante et terrible aventure de Cornelia Hesse-Honegger, illustratrice scientifique qui s'est spécialisée dans le dessin des insectes mutants, notament après la catastrophe de Tchernobyl. Du bout de son pinceau, elle montre comment les événements historiques affectent en profondeur ces corps minuscules : les antennes tordues, les ailes déformées, les pattes manquantes...

Il y a aussi les étonnantes traditions de combats de grillons en Chine, qui tissent des liens si étroits entre hommes et insectes que les premiers voient leur reflet dans les seconds.

Il y a encore les somptueux dessins du néerlandais Joris Hoefnagel, aussi minutieux et intriqués que des toiles d'araignées.

« Durant un instant, je me suis imaginé que ce vif étonnement bien palpable qui se lisait sur ma figure aurait été le même que celui de quelqu'un contemplant pour la première fois une œuvre de Hoefnagel au 16e siècle, quelqu'un pour qui (très probablement) les insectes étaient des créatures basses et répugnantes qui rampaient toujours au pied de cet ordre naturel aristotélicien qui les maintenait avec autorité dans des ténèbres épaisses faites d'excrémensts et de pourriture, indignes du regard humain, jusqu'à ce que - et c'était là sûrement l'intention de Hoefnagel - la page s'ouvre pour réveler leur perfection époustouflante. »

Hugh Raffles. Insectopédie.Trad. Matthieu Dumont. WildProject, 2015, p.141
dessin d'araignéesAraignées. Ignis (1575-152). Joris Hoefnagel. Source : PublicDomainPictures.net

Sautant d'une époque à l'autre, de l'émerveillement à l'horreur, Raffles rappelle également comment les Nazis comparaient les Juifs à des poux dont il fallait « nettoyer » le corps social allemand.