Après avoir découvert par hasard, il y a environ un an, son magnifique roman Une drôle de petite fille à la Ressourcerie de l'avenue du Général Leclerc, voilà que je tombe encore par hasard en librairie sur Une vie étincelante de l'irrésistible Imrgard Keun, réédité depuis peu aux éditions du Typhon.
J'adore Irmgard Keun, sa drôlerie, sa puissance, sa tendresse fêlée, son absolue modernité de femme traversant l'Allemagne de la première moitié du 20e siècle la tête haute et le cœur en fête, malgré la bassesse des hommes.
« On connaît ça - les hommes qui au café, avec les copains, sont aussi pleins de soleil qu'un ciel d'Italie, qui sont toujours à rigoler et à amuser la galerie - ce sont les mêmes qui, une fois chez eux, dans leur famille, se montrent d'une humeur tellement vinaigrée qu'il suffit de les regarder le matin après une nuit de beuveries pour faire l'économie d'un bocal de cornichons. »
Irmgard Keun, Une vie étincelante, éditions du Typhon, 2023, p.31-32
« Elle était grande, pas très mince, d'une blondeur scintillante. Si douce, si droite, si soigneusement baignée. Ça doit être intéressant pour un homme de l'embrasser, parce que c'est ce genre de femmes dont on ne peut jamais savoir à l'avance comment elles sont. Avec moi, on sait. J'avais une envie terrible de lui dire combien je la trouvais belle, belle comme une nuit de chanson, mais elle m'aurait peut-être prise pour une gouine, ce qui aurait été une erreur. »
Irmgard Keun, Une vie étincelante, éditions du Typhon, 2023, p.56-57
« Il y a en moi comme un trou, un manque, qui est celui de votre présence, dans ma gorge je sens s'accumuler les mots que je ne peux pas vous dire - ça me fait éprouver pour vous un amour aussi douloureux que si on me faisait passer à travers un hachoir à viande. Chez vous, j'avais mes rues, des rues connues avec des pierres qui disaient bonjour à mes pieds quand ils leur marchaient dessus. »
Irmgard Keun, Une vie étincelante, éditions du Typhon, 2023, p.92